Lettres au Pendu, Jérôme Meizoz

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Extrait
Partie 3, L'Atelier d'écriture, Chapitre "Les Lanceurs"

 

 

Un mot inspirant ou une idée entêtante, associés à un souvenir, donnent le point de départ d'une écriture. Autant de lanceurs qui indiquent une direction.

Pour commencer, il me faut une émotion forte, un ressenti troublant, celui d'une perte le plus souvent. "Vivre c'est perdre", notait Fitzgerald.

Je peux laisser le mot rêver longtemps en moi, en prenant des notes autour de lui. En général cela prend un ou deux ans au moins avant qu'un texte puisse s'agréger autour.



Par exemple, j'ai envie maintenant de faire un texte intitulé "Terrain vague", car je trouve ce genre de chose et de mot très chargé, polyvalent. Donc je l'inscris dans mon carnet comme un lanceur. J'accumule ensuite des phrases, des images, des citations.

Il me semble parfois que mon inconscient fait tout le reste la nuit ou durant des activités machinales (marche, natation).

Après, j'ose une ébauche de texte, comme si tout s'agrégeait ou se précipitait très très vite. On peut retravailler beaucoup mais l'essentiel est là au premier coup. Ce qui compte avant tout, c'est de trouver le ton du texte, et le ton vient pour moi du corps retrouvé. J'esssaie donc de descendre jusqu'à ça, délaisser un peu mon cervelet.


"Lettres au Pendu, et autres écrits de la boîte noire ", Jérôme Meizoz, Collection "Racines du Rhône", éditions Monographic (2011)