Le mors aux dents, Marie-Jeanne Rosat

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Le Grand Frisson - Extrait

 

 

C’est dans l’entente entre maître et chien qu’il faut chercher le secret de notre réussite. Bien sûr, l’entraînement et la préparation sont importants, l’obéissance aux ordres doit être infaillible, mais il faut encore ce petit plus appelé chance qui doit nous sourire.

En plus du chien sportif que je recherchais en priorité, il faut encore ce long apprentissage, cette expérience acquise au fil des compétitions et ce brin de trac, de stress, de montée d’adrénaline indispensables pour que chien et musher se surpassent.



La catégorie pulka m’autorisait à m’inscrire avec un seul chien. Mais un chien de pulka doit être particulièrement fort avec un avant-train bien développé. Il doit être doté d’une force de caractère hors norme. Peu nombreux sont les pulkaïstes qui ont eu la chance de posséder un chien du tempérament de Viking. De surcroît, Viking était un peu acteur et se prêtait volontiers au jeu des photographes. Lors de la remise des médailles, il refusait tout simplement de monter sur une autre marche que la plus haute du podium!

La connivence, l’harmonie dans l’effort, la gestion partagée du parcours à accomplir m’ont apporté joies et satisfactions. De forts moments d’émotion que Viking devait ressentir également. Dans le brouillard, le jour blanc ou la tempête, il ne s’est jamais trompé de direction et devenait ma boussole, mon GPS. Enfin, je peux qualifier Viking de chien «tireur» plutôt que «coursier» et tout le mérite lui revient. C’est lui qui a toujours fait la différence sur des profils montagneux et les victoires n’en furent que plus belles.

«Go, go Viking, go!». Combien de fois ai-je donné cet ordre, cet encouragement, pour relancer mon chien, pour soutenir son rythme. Et puis, Viking n’a jamais admis se faire dépasser comme s’il comprenait l’enjeu. Un chien phénoménal jusqu’à sa dernière course. Au fil des saisons, la victoire la plus récente devenait toujours la plus belle, à croire que ce palmarès ne devait jamais s’arrêter.

Le jour pourtant arriva où ses forces diminuèrent. Alors j’ai compris et respecté mon chien. Le temps d’une retraite bien méritée avait sonné. Mais c’était sans compter sur Engie, sa future et cette fois bienvenue compagne!



Contact auteure: Marie-Jeanne Rosat: rosat.mj@bluewin.ch