Malax, Marie-Jeanne Urech

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Malax

 

Marie-Jeanne Urech, roman, éditions Hélice Hélas, Vevey 2016

 

 

L'enquête policière improbable d'un inspecteur plutôt paumé ou rêveur, à la recherche du meurtrier d'un homme anonyme peut être pas assassiné. Aucun moyen technologique pointu, seulement des images de caméras de surveillance, env. 160'000, dans la ville. Des conclusions hâtives, un supérieur, un médecin légiste minimalistes. Une enquête faite d'indices, attrapés au vol: des mots qui résonnent bien à l'oreille de l'inspecteur et qu'il consigne dans un calepin. L'inspecteur suit sa fantaisie comme fil conducteur de son enquête abracadabrante. Sans oublier l'histoire sentimentale de l'inspecteur encore plus improbable que tout le reste.

Marie-Jeanne Urech prend le contrepied des enquêtes policières contemporaines, ultra-technologiques et "intelligentes", en créant un contraste fort entre une société déshumanisée, sous contrôle, et une enquête aléatoire et incontrôlée. Avec elle, c'est l'enquête qui se transforme en poésie dans un monde mécanique, d'automates. Avec son humour, parfois décalé - ne serait-ce que le nom de ses personnages : des noms d'apôtres - et sa fantaisie en font un livre (d)étonnant qui ne se prend pas au sérieux et qui fait du bien. Ça pourrait être un dessin de presse.

Recension: Romaine Perraudin-Kalbermatter

 

 

 

 

 

 

Extraits

 


"Le tour du matin vient de se terminer. Une marée de chapeaux melons et redingotes noirs est lâché sur les grands boulevards. Les rares passants s'écartent de peur d'être atomisés par la puissance de la vague."

"Ensemble, ils s'engouffrent dans l'ascenseur. ... Mais à cause des ajours, on voit défiler les étages et les voisins qui saluent à chaque palier. Saluent et surveillent."

"Sur les 167'454 caméras qui surveillent la ville nuit et jour, trois couvrent l'avenue Malax. La première est positionnée de sorte à contrôler les allées et venues de l'immeuble no 1."

"Voici notre centrale électrique. Elle se compose de dix mille sept cents cyclistes qui se relayent vingt-quatre heures sur vingt-quatre en trois tour de huit." "L'empreinte digitale permet de dire qu'il s'appelle Pierre, révèle l'employé de l'Institut des sciences tactiles." "Attention, Inspecteur Jean, trop de fantaisie tue l'humour!"

"Le professeur de généalogie était de retour. C'était bien une mauvaise grippe qui l'avait retenu au lit pendant deux semaines. La grippe espagnole. À force de plonger dans des papiers d'époque, il avait attrapé le virus probablement prisonnier de l'encre."

"En sortant de chez lui, l'inspecteur Jean manque de se faire renverser par un skieur qui prend la cage d'escalier pour une piste de ski. Les premiers flocons de l'année tardent à tomber. Rongés d'impatience, certains amateurs ne peuvent plus attendre. Le skieur dévale les étages en plantant son bâton sur les paillassons pour négocier les contours."

 

 

 

 

 

 

Auteure

 

Marie-Jeanne Urech est née en 1976 à Lausanne. Auteure de poèmes, recueil de nouvelles et de plusieurs romans, elle s'essaie avec bonheur au polar humoristique avec "Malax" édité chez Hélice Hélas, Vevey, 2016.